31 oct. 2008

Dis Papa... pourquoi tu portes une PERRUQUE ... ?!!




En réaction aux noms de groupes en THE, Etienne, Olivier et David ont choisi de jouer le côté "tocard" face à leur copains garageux en s'appelant CHEVEU... Ils cherchaient à jouer dans des villes avec des noms d'animaux comme Lyon,... et c'est à Rennes, où le 20 septembre dernier ils ouvraient le bal électrique de rentrée de l'Ubu.

Mais qui êtes vous?

Etienne : Moi c'est Gérard... euh non Étienne... On vient de Bordeaux et on s'est formé à Paris.
Olivier : C'était il y a cinq ans, c'était l'été. On a branché un clavier Casio qu'un mec nous avait filé. On l'a branché sur un clavier et on a mis la satu à fond, cela nous a plu et je pense que c'est la base du groupe. Et ensuite on a tous greffé autour.
David : Cela fait cinq ans qu'on a fait ça mais ça fait vraiment deux ans qu'on tourne.

Au niveau de la configuration du groupe, elle est assez atypique en ce qui concerne sa carte technique?

E : Je ne suis pas trop atypique car je fais de la guitare comme un vulgaire guitariste.
O : Moi c'est boite à rythmes et vieux claviers Casio, et boite à rythmes un peu pourries, un peu jouet limite.
D : Moi j'ai plusieurs micros en fait, et ils passent par des machines qui font des échos, des nappes, qui donnent de la profondeur, des trucs comme ça.
E : Ceci qui à été si bien dit dans quelques coupures de presse : on ferait un peu partie de l'amicale des vides-greniers. (tout le monde se marre)

M.R : J'imagine que vous fréquentez un peu la scène D.I.Y?

E : En fait, on faisait un peu notre truc dans notre coin et ce qui nous as - en quelque sorte - permis de sortir de l'endroit où on faisait du bordel, c'était une connection avec plein de groupes à Strasbourg, et qui étaient dans le même état d'esprit que nous, c'est à dire faire de la musique avec des trucs récupérés à droite et à gauche. Un truc un peu brut, tu vois... et ça nous a plu...
O : L'art brut... Ouais, ouais... Ha ha! C'est un peu retombé maintenant mais c'était une classe scène...
E : Des groupes comme Crack und Ultra Eczema (no wave) qui ne joue plus maintenant et les Normals...
D : Olivier avait monté un petit label qui s'appellait "Tes Fesses Rdcs" qui a sortit deux groupes Cradle of Smurf (electro) et Crack (ortho à verifier).

M.R Et vous touchez à ce qui est un peu circuit-bending, vos synthés vous les trafiquez?

O : Pas du tout, on va plutôt chercher à trouver des synthés qui conviennent bien...
E : Quitte à avoir du stock... On n'est pas trop bricoleurs, on est plus récup'. On aime bien se servir d'un truc tout de suite.
D : Ce qui est marrant, c'est d'exploiter, de construire avec les sons qui sont donnés, tu vois, ça pète pas énorme, t'appuie dessus, t'es pas énormément convaincu... Donc tu vas le booster un peu mais sans trifouiller électriquement pour faire des trucs trop bizarres.

M.R : Donc, quand vous trouvez un synthé, vous cherchez essentiellement une matière brute...?

D : Oui, au pire, on va mettre des effets, un peu derrière mais sans plus.
E : Disons, on n'est pas hyper fan des boites-à-rythmes hyper sèches, analogiques, même qu'on déteste un peu ça. On aime bien la rondeur, donc on peut aller la chercher effectivement dans la saturation en déformant le son.
D : On se méfie un peu du penchant electro-clash avec des trucs qui pètent à fond, des grosses boites-à-rythmes disco qui te prennent toute une sono où sont posé dessus des trucs trop propres.
O : Le genre de truc qui manque un peu d'âme...


M.R. Qui sont vos idoles des mecs modernes ou des vieux réacs?

D : (à l'intention d'E) Lui c'est le vieux réac, le mec de droite (rire général)...
E : Quand on a commencé le groupe, on n' vraiment aucune références et au fur et à mesure des concerts des gens disaient que ça sonnait comme ci ou comme ça... Et qu'on connaissait pas...

M.R Et donc ça sonnerait comme qui?

O : Hum... Jonathan Richman ou Suicide.
E : Ou comme ce groupe français qui chantait "Crève Salope" : Métal Urbain. On n'est pas même pas convaincu car on pense pas sonner comme ça mais bon...
D : Le gros élément de comparaison, c'est que les gens se focalisent sur la boite-à-rythmes et cherchent dans les groupes à boite-à-rythmes...
O : Dans les influences, il y a des mecs qu'on aime bien comme The Rebels, Country Teaser (?).... Il y a aussi un groupe de Seattle qui s'appelle Intelligence...
Le groupe c'est un peu la rencontre de trois univers musicaux, bien bien distincts...


M.R : Genre vous avez fait votre crise d'ado sur quel disques?

E : Beastie Boys et Stones. Les Cure... tiens, il y a des boite-à-rythmes super là dedans...dans Pornography... (rires)
O : Metallica et Pantera, j'aimais bien.
D : j'écoutais pas énorme de zic mais familièrement les trucs bizarre comme Laurie Anderson... Gros fan d'AC/DC... tu vois le genre de mix, de références chelou quoi!


M.R : Dans quelle scène pensez-vous, vous inscrire?

O : Au niveau d'une scène, on ne serait pas trop "français", on serait même plutôt "ricain"... On a un peu tourné là-bas aux États-Unis et nos potes sont plus là-bas... ça va aller de trucs bizarre, comme des mecs de Colombus genre Pink Reason, Intelligence,...
E : Effectivement on n'avait pas trop de "famille" musicale ici mais il est vrai qu'on a pu sortir une 45 tour et faire une tournée là-bas... et on y a rencontré des gens qui avaient le même état d'esprit que nous, de faire un truc spontané avec du bricolage... et notre "famille" c'est plutôt ça... On l'a construite! (rires)
D : A la base, nos "papas" c'est plus les mecs du garage comme à Paris, on jouait avec ce genre de groupe : Magnetix, Crash Normal, Frustration,...

M.R : Sinon au niveau des conditions d'enregistrements, on peut penser que les prises de sons doivent être multiples... c'est de la superposition...?

O : Oui c'est de la superposition de trucs, en gros la plupart de nos morceaux sur le disque sont issus de répètes où on s'enregistre par bout et puis après c'est du collage de séquences... Les tentatives de studio, c'était pas trop ça...
E : Notre label Born Bad nous ont offert la possibilité d'enregistrer en studio et on était tout content en se disant qu'on aurait un putain d'énorme son... et en fait, non! C'est horrible, non?

M.R : C'est donc mieux à la maison?

E : Oui on est super à l'aise, et c'est Olivier qui fait le mix...
O : Ouais, c'est fait dans la cuisine...
E : C'est un peu dans la continuité du principe du groupe...
O : On sait pas si c'est viable à long terme mais c'est comme ça que l'on a fait le premier set.

M.R : Et en cette fin de décennie, vous vous sentez comment en tant que musicien, spectateur, actif de la scène des musiques amplifiées?

E : À Paris, il y a dix ans, les gars qu'on fréquentent avaient une cave et y faisaient des concerts. Maintenant, avec l'éclosion du rock, il y a des salles partout, tu peux jouer facilement à droite, à gauche. Je trouve qu'il y a pas mal de groupes, on a fait pas mal de rencontre...
O : On va dire que c'est pas trop l'heure de faire du Rap en ce moment...
E : Il y a un truc de mode...
O : ... qui perdure un peu. On s'est sentit porté par ce truc puisque c'était facile pour les groupes de jouer... Médiatiquement, on n'est pas des références mais les gens s'intéressent au truc, tu vas voir dans Elle, dans la rubrique de la semaine pour les meufs comment s'habiller "rock n'roll", c'est vraiment un truc global... un truc de société en gros... donc c'est facile...

M.R : Mais ça vous fait pas chier toute cette médiation à tort et à raison du rock n'roll?

O : Si ça nous permet de manger... (rires...)
E : De tout façon, le rock n'roll en lui même c'est un truc commercial, à la base c'est le Rythm n' blues joué par les black et puis les gens s'y sont mis... et ils ont même vendu du pepsi avec...
D : Dans notre logique, on trouve ça assez marrant de ne pas jouer que dans des caves et de pouvoir jouer dans des salles aussi. Avec la musique qu'on fait, on est parfois étonné - faut pas dire ça commercialement parlant - de voir qu'on peut faire un truc à la fois atypique et à la fois complètement n'importe quoi devant 400 personnes, c'est quand même une chance. Généralement les musiques borderline comme nous sont plutôt de l'autre coté de la ligne, à jamais pouvoir jouer à l'Ubu par exemple. Il y a des avantages et inconvénients de pouvoir rentrer dans un circuit plus normal, je trouve ça génial d'offrir une musique à des gens qui ne s'y attendent même pas et qui le prennent un peu dans la gueule.. La première fois qu'ils te voient, ils restent tous scotchés, t'as l'impression que ça ne leur a pas plu... En fait ils sont touchés, il suffit d'amorcer le truc...


Mlle Riposte!

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