31 oct. 2008

ALAIN KAN - LA VIE EN MARS


Blanche-Neige fait des photos nues,
Mickey Mouse est un vieux cochon,

EDITO

Octobre 2008, Octobre Noir?

Le matin, je me lève et la radio beugle l'effondrement de l'économie, j'ai peur... Pendant ce temps, la jeune tranche claque sa thune et son énergie dans des phénomènes de mode à contrat renouvelable de 6 mois... le rock, le fluo, la folk, le flop!
Il est désormais dur d'installer - culturellement parlant - quelque chose de durable puisque comme on vide son frigo, on se remplit le cerveau...
Alors je préfère mettre cette rentrée sous le signe du "rien-à-branler!" Faites ce qu'il vous plaît, oubliez les choses "in", devenez "out". Dites adieu aux exaltations débiles sur des phénomènes périodiques stériles... Devenez vous! Sortez de votre coté poseur-mondain-myspace et bougez vos culs de vos canapés pour aller aux concerts... Faites vivre votre scène!

Mlle Riposte!

Une p'tite bière?


Les nuits de la pleine lune à Berlin, la foule bigarrée et extravagante court les bals électriques en cogitant son speed. En provenance d'un sous-sol, la voix cold de Randy Twigg sème stupeur et déhanchements...

C'est un duo comme on en voit beaucoup en ces temps. La fille au chant et le mec aux instrus. Il y a Kap Bambino, Ben et Bene, Ting Tings. Un classique. Sauf que ce coup-ci la nana est plutôt une garçonne statique sur explosions d'analogiques froids et fuzzy et gratte de temps à autre une guitare cra-cra.

La démo - sans doute maison - est assez dégueu. Boite-à-rythme mini, instru un peu saturée et voix isolée dans un bocal à poisson rouge. Mais il y a un putain de truc qui se dégage, surtout quand on écoute le morceau "Birdy". Il y a de l'extrait d'électro-punk dedans comme chez Sigue Sigue Sputnik ou Les Liaisons Dangeureuses...

Je ne garantis pas non que ce machin là va révolutionner la musique, mais cette Randy Twigg, elle a un truc, elle balance une atmosphère direct, elle a une présence qui pourrait faire d'elle l'héroine berlinoise de cette fin de décennie zéro.


Mlle Riposte!

CALIFORNIA ÜBER ALLES


Après m’être fait pourrir toute la matinée j’avais besoin d’un remontant. À ma pause déjeuner, j’ai tracé au Virgin Barbès. Situation géographique oblige, le rayon rock est assez minable mais quand même, entre Nine Inch Nails et Oasis j’ai trouvé de quoi me péter les tympans pour les trois prochaines semaines : NO AGE.
C’est un duo issu de la scène noise de Los Angeles, véritable fourmilière de concerts all-ages et de groupes underground qui a vu s’imposer un bataillon d’excités comme Health, Mika Miko et autres hyperactifs chevronnés.
Colporteurs inspirés du DIY, No Age font simplement la musique qu’ils ont envie d’entendre. sans même s'encombrer d'un bassiste. C’est noise dans le fond, punk dans l’esprit, avec des moments pop et grungy. L’album Nouns est formidable, t’as envie de choper le premier vol pour LA. et aller te droguer avec des ados en t-shirt crade. Je ne vais pas me confondre en termes techniques pour la bonne raison que je n’y connais rien. En revanche je peux vous dire que je n’ai pas autant kiffé un son que depuis le jour où Riposte m’a fait écouter Sonic Youth.



---> Au jeu des questions faciles, mon nouveau groupe préféré ne s’est pas fatigué :

Sex is "GAY"
Drugs are "LAME"
Rock can "HURT."

CANDY#

Album Nouns chez SupPop.

No Age LIVE @ Point Éphémère le 1er novembre 08, Paris.

myspace.com/nonoage

LadyHawke est à l’origine un film fantastique US au scénario farfelu transpirant la love story. Mais c’est aussi le nom de scène de Pip Browne, une néo-zélandaise de 26 ans qui puise une grande partie de son inspiration dans les années 80.
Donc, lorsqu’on tape « LadyHawke » sur Youtube, on a la chance de découvrir non seulement le clip ‘Paris is burning’ mais également celui de la BO du film LadyHawke, dans lequel nous est dévoilé l’amour de Philippe Gaston et Isabeau d’Anjou (alias Matthew Broderick et Michelle Pfeiffer) rendu impossible par leur transformation-malédiction respectives- le premier devient loup à la nuit tombée, tandis que la seconde est faucon la journée (très pratique pour se rencontrer). Pip Browne semble avoir repris ce thème de la transformation au travers de ses clips. Dans l’un, on la voit marcher dans des ruelles, à la fois agressive, désespérée et carrément irréelle. Dans l’autre, on la voit se réveiller en sursaut, entendre des bruits de pas, et finir par danser au milieu de monstres grandguignolesques. Dans un troisième, elle convoque toutes les clés de l’esthétique 80’s- voie lactée en arrière fond, lumière brumeuse, visage auréolé d’une blondeur à la Debbie Harry- pour nous concocter un clip évanescent. Plus que ses clips, ce sont ses refrains qui nous font tourner la tête, et que l’on se surprend à fredonner toute la journée.
Une question reste tout de même en suspens : Pip Browne a-t-elle pris pour pseudo ‘LadyHawke’ en référence à un profond désir de devenir la femme-faucon de l’homme-loup Matthew Broderick qui n’avait pas son pareil pour faire battre son petit cœur ?
Réponse le 09 octobre au Point FMR (Paris), où LadyHawke donne un concert.

ROLLK

Dis Papa... pourquoi tu portes une PERRUQUE ... ?!!




En réaction aux noms de groupes en THE, Etienne, Olivier et David ont choisi de jouer le côté "tocard" face à leur copains garageux en s'appelant CHEVEU... Ils cherchaient à jouer dans des villes avec des noms d'animaux comme Lyon,... et c'est à Rennes, où le 20 septembre dernier ils ouvraient le bal électrique de rentrée de l'Ubu.

Mais qui êtes vous?

Etienne : Moi c'est Gérard... euh non Étienne... On vient de Bordeaux et on s'est formé à Paris.
Olivier : C'était il y a cinq ans, c'était l'été. On a branché un clavier Casio qu'un mec nous avait filé. On l'a branché sur un clavier et on a mis la satu à fond, cela nous a plu et je pense que c'est la base du groupe. Et ensuite on a tous greffé autour.
David : Cela fait cinq ans qu'on a fait ça mais ça fait vraiment deux ans qu'on tourne.

Au niveau de la configuration du groupe, elle est assez atypique en ce qui concerne sa carte technique?

E : Je ne suis pas trop atypique car je fais de la guitare comme un vulgaire guitariste.
O : Moi c'est boite à rythmes et vieux claviers Casio, et boite à rythmes un peu pourries, un peu jouet limite.
D : Moi j'ai plusieurs micros en fait, et ils passent par des machines qui font des échos, des nappes, qui donnent de la profondeur, des trucs comme ça.
E : Ceci qui à été si bien dit dans quelques coupures de presse : on ferait un peu partie de l'amicale des vides-greniers. (tout le monde se marre)

M.R : J'imagine que vous fréquentez un peu la scène D.I.Y?

E : En fait, on faisait un peu notre truc dans notre coin et ce qui nous as - en quelque sorte - permis de sortir de l'endroit où on faisait du bordel, c'était une connection avec plein de groupes à Strasbourg, et qui étaient dans le même état d'esprit que nous, c'est à dire faire de la musique avec des trucs récupérés à droite et à gauche. Un truc un peu brut, tu vois... et ça nous a plu...
O : L'art brut... Ouais, ouais... Ha ha! C'est un peu retombé maintenant mais c'était une classe scène...
E : Des groupes comme Crack und Ultra Eczema (no wave) qui ne joue plus maintenant et les Normals...
D : Olivier avait monté un petit label qui s'appellait "Tes Fesses Rdcs" qui a sortit deux groupes Cradle of Smurf (electro) et Crack (ortho à verifier).

M.R Et vous touchez à ce qui est un peu circuit-bending, vos synthés vous les trafiquez?

O : Pas du tout, on va plutôt chercher à trouver des synthés qui conviennent bien...
E : Quitte à avoir du stock... On n'est pas trop bricoleurs, on est plus récup'. On aime bien se servir d'un truc tout de suite.
D : Ce qui est marrant, c'est d'exploiter, de construire avec les sons qui sont donnés, tu vois, ça pète pas énorme, t'appuie dessus, t'es pas énormément convaincu... Donc tu vas le booster un peu mais sans trifouiller électriquement pour faire des trucs trop bizarres.

M.R : Donc, quand vous trouvez un synthé, vous cherchez essentiellement une matière brute...?

D : Oui, au pire, on va mettre des effets, un peu derrière mais sans plus.
E : Disons, on n'est pas hyper fan des boites-à-rythmes hyper sèches, analogiques, même qu'on déteste un peu ça. On aime bien la rondeur, donc on peut aller la chercher effectivement dans la saturation en déformant le son.
D : On se méfie un peu du penchant electro-clash avec des trucs qui pètent à fond, des grosses boites-à-rythmes disco qui te prennent toute une sono où sont posé dessus des trucs trop propres.
O : Le genre de truc qui manque un peu d'âme...


M.R. Qui sont vos idoles des mecs modernes ou des vieux réacs?

D : (à l'intention d'E) Lui c'est le vieux réac, le mec de droite (rire général)...
E : Quand on a commencé le groupe, on n' vraiment aucune références et au fur et à mesure des concerts des gens disaient que ça sonnait comme ci ou comme ça... Et qu'on connaissait pas...

M.R Et donc ça sonnerait comme qui?

O : Hum... Jonathan Richman ou Suicide.
E : Ou comme ce groupe français qui chantait "Crève Salope" : Métal Urbain. On n'est pas même pas convaincu car on pense pas sonner comme ça mais bon...
D : Le gros élément de comparaison, c'est que les gens se focalisent sur la boite-à-rythmes et cherchent dans les groupes à boite-à-rythmes...
O : Dans les influences, il y a des mecs qu'on aime bien comme The Rebels, Country Teaser (?).... Il y a aussi un groupe de Seattle qui s'appelle Intelligence...
Le groupe c'est un peu la rencontre de trois univers musicaux, bien bien distincts...


M.R : Genre vous avez fait votre crise d'ado sur quel disques?

E : Beastie Boys et Stones. Les Cure... tiens, il y a des boite-à-rythmes super là dedans...dans Pornography... (rires)
O : Metallica et Pantera, j'aimais bien.
D : j'écoutais pas énorme de zic mais familièrement les trucs bizarre comme Laurie Anderson... Gros fan d'AC/DC... tu vois le genre de mix, de références chelou quoi!


M.R : Dans quelle scène pensez-vous, vous inscrire?

O : Au niveau d'une scène, on ne serait pas trop "français", on serait même plutôt "ricain"... On a un peu tourné là-bas aux États-Unis et nos potes sont plus là-bas... ça va aller de trucs bizarre, comme des mecs de Colombus genre Pink Reason, Intelligence,...
E : Effectivement on n'avait pas trop de "famille" musicale ici mais il est vrai qu'on a pu sortir une 45 tour et faire une tournée là-bas... et on y a rencontré des gens qui avaient le même état d'esprit que nous, de faire un truc spontané avec du bricolage... et notre "famille" c'est plutôt ça... On l'a construite! (rires)
D : A la base, nos "papas" c'est plus les mecs du garage comme à Paris, on jouait avec ce genre de groupe : Magnetix, Crash Normal, Frustration,...

M.R : Sinon au niveau des conditions d'enregistrements, on peut penser que les prises de sons doivent être multiples... c'est de la superposition...?

O : Oui c'est de la superposition de trucs, en gros la plupart de nos morceaux sur le disque sont issus de répètes où on s'enregistre par bout et puis après c'est du collage de séquences... Les tentatives de studio, c'était pas trop ça...
E : Notre label Born Bad nous ont offert la possibilité d'enregistrer en studio et on était tout content en se disant qu'on aurait un putain d'énorme son... et en fait, non! C'est horrible, non?

M.R : C'est donc mieux à la maison?

E : Oui on est super à l'aise, et c'est Olivier qui fait le mix...
O : Ouais, c'est fait dans la cuisine...
E : C'est un peu dans la continuité du principe du groupe...
O : On sait pas si c'est viable à long terme mais c'est comme ça que l'on a fait le premier set.

M.R : Et en cette fin de décennie, vous vous sentez comment en tant que musicien, spectateur, actif de la scène des musiques amplifiées?

E : À Paris, il y a dix ans, les gars qu'on fréquentent avaient une cave et y faisaient des concerts. Maintenant, avec l'éclosion du rock, il y a des salles partout, tu peux jouer facilement à droite, à gauche. Je trouve qu'il y a pas mal de groupes, on a fait pas mal de rencontre...
O : On va dire que c'est pas trop l'heure de faire du Rap en ce moment...
E : Il y a un truc de mode...
O : ... qui perdure un peu. On s'est sentit porté par ce truc puisque c'était facile pour les groupes de jouer... Médiatiquement, on n'est pas des références mais les gens s'intéressent au truc, tu vas voir dans Elle, dans la rubrique de la semaine pour les meufs comment s'habiller "rock n'roll", c'est vraiment un truc global... un truc de société en gros... donc c'est facile...

M.R : Mais ça vous fait pas chier toute cette médiation à tort et à raison du rock n'roll?

O : Si ça nous permet de manger... (rires...)
E : De tout façon, le rock n'roll en lui même c'est un truc commercial, à la base c'est le Rythm n' blues joué par les black et puis les gens s'y sont mis... et ils ont même vendu du pepsi avec...
D : Dans notre logique, on trouve ça assez marrant de ne pas jouer que dans des caves et de pouvoir jouer dans des salles aussi. Avec la musique qu'on fait, on est parfois étonné - faut pas dire ça commercialement parlant - de voir qu'on peut faire un truc à la fois atypique et à la fois complètement n'importe quoi devant 400 personnes, c'est quand même une chance. Généralement les musiques borderline comme nous sont plutôt de l'autre coté de la ligne, à jamais pouvoir jouer à l'Ubu par exemple. Il y a des avantages et inconvénients de pouvoir rentrer dans un circuit plus normal, je trouve ça génial d'offrir une musique à des gens qui ne s'y attendent même pas et qui le prennent un peu dans la gueule.. La première fois qu'ils te voient, ils restent tous scotchés, t'as l'impression que ça ne leur a pas plu... En fait ils sont touchés, il suffit d'amorcer le truc...


Mlle Riposte!

SALE MORVEUX!


Les Black lips, avaient joués la veille au Havre. Ils avaient la gueule de bois. Endormis, bière à la main, mais le regard à l'affût des mini-jupes qui défilaient dans le coin, et surtout peu bavards à l'entrevue. Bien fidèles à leur image d'ados attardés.

Mlle Riposte! : L'album titré "Good Bad, Not Evil" est une référence au hit "Great big kiss" chanté jadis par les Shangris Las, pourquoi ce clin d'oeil aux sixties?

Black Lips : - On écoute pas mal de ces trucs des années 50, 60... Et nous avons grandi marqués par ces girl groups. Nos premières références sont le blues, la country, c'est la tradition aux États-Unis : 13th Floor Elavators, The Flocons...
- Le Gospel aussi... trop de noms à dire...

M.R : On entend dire de vous que avez créé un nouveau délire, le "flower punk". Musicalement ça se traduit comment?

B.L : - C'est comme le punk rock gay, du solide rock n'roll!
- Oh! Du solide mais pas comme les "macho men"...
M.R : Mais pourtant tu portes une moustache de "macho man"?
B.L : - Ouais, mais je fais des disques plus sauvages qu'eux...

M.R : Et vous avez commencé comment, en fait?
B.L : - On allait à l'école ensemble, et on n'avait rien à faire d'autre alors on a commencé à jouer ensemble. Et on voulait choper des filles. Les plus vieux nous filaient des drogues, ce qui nous allumait pas mal...

M.R : - Et quand à cette chanson "O katrina" qui serai une parodie de la manière de jouer des Beatles?
B.L : - Oh yeah, yeah! On chie sur les Beatles!
M.R : Tiens, en parlant de chier... votre réputation est de pisser, vomir bref de faire les porcs sur scène, c'est juste du cliché rock ou quoi?
B.L : - Bah le truc, c'est que j'ai des problèmes d'estomac, alors dès fois j'ai des renvois donc je me gène pas...
- Mais bon, maintenant, on est plus calme, on est devenu des mecs biens et on se contente juste de jouer sur scène.
- Les clichés sont faciles, mais ils sont si vrais.

M.R : Donc vous prenez des drogues et vous baisez des groupies après les concerts?
B.L : - Yeah! Mais aussi dès fois, on se contente de boire et de conduire... (grands éclats de rires)

M.R : Et pour ce soir?
B.L : - Du sexe, de la défonce et du rock n'roooll!

M.R : - Ok, merci les gars, on verra bien...

Oui ils étaient efficaces , la foule haletante a même envahi la scène en beuglant sur "Bad Kids" et pété les pédales et les jacks. Le show s'est fini désaccordé, puis le groupe à squatté chez des spectateurs de chez qui ils se sont barrés en chourrant le Jack Danny. Et même qu'ils ont eu leurs pouffes à la fin!
Comme le disent les kids : "TROP COOL!"

Mlle Riposte!

The Story of Michka : Pale blue eyes


Michka s’est embarqué sur le TGV musical le plus rapide du monde. Arrêt Volume, arrêt festival des Inrocks, arrêt Technikart, arrêt Flèche d’Or, arrêt Ubu, arrêt les Trans… A peine est-il descendu à un arrêt qu’il doit remonter dans le train. Il n’a pas le temps de s’attacher aux gares, de rencontrer de nouvelles personnes, il a payé son billet, il ne peut plus faire marche arrière. Pourtant, qu’est ce qu’il ne donnerait pas pour arrêter la machine, pour que le train desserve pour une fois une bourgade perdue dans la rase campagne.
Tiens, voilà l’arrêt Boy Crisis. Mais où se trouve l’arrêt Dead Kids ? Il s’entend répondre par le contrôleur que l’arrêt Dead Kids n’est plus très bien entretenu, et donc qu’il n’y a que très peu de trains à prendre la peine de le desservir. Et oui, le paysage (musical) change à une vitesse affolante.
Un jour, Michka a pris le temps de passer une soirée à l’arrêt Flèche d’Or. Il y a rencontré une jeune fille qui ressemblait un peu à une poupée cassée. La petite Barbie avait de grands yeux bleus, et semblait connaître pas mal de trucs sur le TGV musical. C’est elle qui lui expliqua que « non, on n’a pas le temps de s’arrêter, il faut tout connaître, tout expérimenter le plus vite possible, tant qu’on est jeunes ». Elle était connue un peu partout pour ses frasques sexuellement alcoolisées, qui lui donnait un côté hype-trash alléchant. Elle lui expliqua qu’on ne lui donnerait jamais le temps de s’enticher d’une gare. Il décida de lancer une croisade contre ceux qui oublient la notion même de passion. La poupée riait. Elle le trouvait mignon et marrant. Alors elle l’entraîna dans un taxi. Direction son appartement.
Le lendemain matin, alors que la petite poupée dormait encore, il contempla son visage enfantin. Elle était belle. Très belle. Elle ouvrit ses grands yeux bleus. Son maquillage avait coulé et lui donnait un air triste. Elle l’embrassa tendrement, se rhabilla, le câlina un peu et partit.
Elle devait reprendre le train. Vite.
Lui s’était entiché de cette petite poupée, et n’avait pas la force de repartir, de coucher avec d’autres filles, sur d’autres musiques, dans d’autres lieux. Pas si vite.

ROLL K
Minuit, le concert se termine, la chasse est ouverte. Premières arrivées, premières servies. Cet après-midi elles faisaient déjà le piquet derrière la salle, à racler la porte blindée, avec œillades au manager de circonstance. S’il fallait lui passer dessus ça ne leur poserait aucun problème. Et les managers, c’est rarement des canons.
Ces filles on ne les voit pas dans la fosse, avec le reste des screaming fans. Non, elles squattent backstage. "Mais on fait des interviews!" Ouais.
Ces insupportables princesses me dépriment sensiblement. Sur leurs gardes, elles traînent leur cul dans le couloir en avalant tout ce qu’elles peuvent – alcool, bonbons, semence suprême. Si tu as le malheur de bousculer leur programme en tchatchant le chanteur, elles t’arrachent les cheveux et te jettent une bière à la gueule : "Qu’est-ce tu fais là toi ?" Genre elles sont à leur place.
Entre deux concerts elles restent à la maison avec leurs rêves de tourbus, et peaufinent leur plan d’attaque en épluchant "I’m with the Band". Ce weekend elles vont jeter leur dévolu sur n’importe quel merdeux à guitare mais en attendant, elles étalent leurs dernières frasques sur des blogs, en petites putes mégalomanes.
Je ne blâme pas ces filles dont la méchanceté n’a d’égale que leur ambition libidineuse. ; elles ne m’attristent plus qu’elles ne m’agacent. Je n’écris pas ça par jalousie, moi aussi j’ai fait la conne dans des chambres d’hôtels mais je n’en fais pas une fierté particulière ni ma marque de fabrique. Donc, ça me pourrit la soirée de me faire cracher dessus par des sangsues en chaleur que je dérange en plein trip Almost Famous.
Chères petites sauteuses, je n’entends pas vous faire la morale – je suis très mal placée- mais l’un des seuls qui n’ait pas profité de moi a fini par me dire :
"C’est marqué sur ton front que t’es une obsédée. Suivre les groupes ça craint pour ton estime personnelle. Respecte-toi, éclate-toi aux concerts mais ne cherche pas à les rencontrer. Arrête de leur courir après, et commence quelque chose."

Qu'est-ce qu'il y a, tu te sens visée?

CANDY#