Hier soir il y avait Philippe Katerine. Et Louise des Plastiscines. Tous deux ont fini par décoller du bar VIP pour se balader dans les halls du parc expo. Les Trans, ce sont des rencontres, et ces artistes, eux, l'ont bien compris. Leurs pairs oublient souvent le pourquoi de leur statut d'artistes. On est artiste pour un public. Et le public est public pour les artistes. Simple évidence qui est cependant mise de côté par les artistes eux-mêmes, mais aussi par les organisateurs des festivals.
Les Trans dressent une frontière infranchissable entre VIP et non-VIP, entre artistes et public, entre ceux qui font partie du milieu et ceux qui n'ont pas leur place. Ce qui est vraiment regrettable. Une rencontre peut illuminer une soirée. Une conversation peut parfois déterminer le cours d'une vie.
Un jour, à l'Elysée Montmartre, le groupe Arcade Fire s'est dispersé dans le public. Ils avaient fini leur concert en beauté, comme toujours. Dix minutes plus tard, ils se fondaient dans la masse des spectateurs. Le public était honoré de cette rencontre improvisée.
Quelle est la nécessité de placer l'artiste en haut d'une tour d'ivoire? D'accord, le groupe est créateur et mérite donc, quelle que soir l'orientation de nos goûts musicaux, notre plus profond respect. Cependant, certains spectateurs pourraient constituer de nouvelles sources d'inspiration pour tous ces groupes.
La nuit se prête aux jeux mystérieux, au délire hystérique, et à l'enivrement musical. Les langues se délient. L'alcool désinhibe. Les jeunes filles ont revêtu leurs plus belles robes. Les garçons sont même allés chez le coiffeur pour l'occasion - attention d'ailleurs aux coupes "tecktonik" qui peuvent heurter les yeux sensibles. Le cadre est posé, il n'y a plus qu'à se laisser aller. Mais comment réussir sa soirée si le mélange est prohibé?
La soirée d'hier était absolument délirante. Mais tout cela manquait un peu de Kate Nash évoluant dans les halls, de Calvin Harris esquissant quelques pas de danse sur rafale. Même Jean-Louis Brossard, vénéré programmateur des trans, n'a fait que de furtives apparitions. Certes, l'organisateur n'est pas artiste, mais au final, il acquiert bien souvent une notoriété superficiellement artistique. Déception donc, devant ce manque cruel de contact entre artistes et public, voire entre les différents artistes invités.
Bien entendu, le développement myspacien jette un pont entre ces deux univers. Mais la sacralisation des artistes et les clichés agaçants sur les groupies hystériques tendent à détruire ce lien qui se tissait peu à peu.
Pas de panique! Ce constat est là pour déclencher chez les artistes et autres programmateurs un élan de sociabilité. Alors, ce soir, n'hésitez pas : allez retrouver votre public, et n'ayez pas peur de ces soi-disant groupies, ni des mecs bourrés qui se traînent difficilement de hall en hall. Foncez discuter avec ces spectateurs qui restent, pour le moment, frustrés par des concerts trop lisses, trop propres, et par cette absence désespérante d'after-show.
Roll K
BLOODY BEETROOTS / Samedi 8 décembre, Hall 3, 21h > 21h45
En recherche d'un son violent, de rythmes saccadés qui vous font frémir et danser de façon épileptique. Voici Bloody Beetroots, chorus féminins et jams masculins rappellant l'ère primaire dance machine, le tout agencé par des instru type orgues qu'ne cathédrale gothique en pleine débauche et guitares dont les riffs paraissent inversés, le tout surixé et souligné par des effets de trémolos, d'high reverb et de répétitions. L'écoute de leurs morceaux est une vraie épreuve physique, le rythme cardiaque s'emballe et on ne peut s'empêcher de se lever et suivre l'infernale cadence. Remix de Goose ou de Maniac de Michael Sembello en mode revival Eurodance, car ces italiens n'hésitent pas à y ajouter leur criarde culture.. Bien sûr ils sont bien loin de leurs compatriote Gigi d'Agostino qui sévit sur les dancefloors italiens mais on y retrouve cette touche particulière, comme si la Dolce Vita de Federico Fellini s'était jetée dans une fontaine de mousse fluo.
Mlle Riposte!
DAN DEACON / Hall 9, 23h30 > 00h30.
Des mixs noyés dans la vague electro de cette année 2007- à laquelle le festival des Trans Musicales lui-même n’a pas pu échapper- souvent accompagnés d’une voix nasillarde agaçante. Pourtant Dan Deacon caracole, et nous étonne. Le halo mystérieux entourant ce personnage excentrique nous attire inévitablement. Dan Deacon est avant tout insaisissable. Et il le sait ! Plus qu’un simple dj, Dan est avant tout un performer abracadabrant. Ce fer de lance du mouvement musical Future Shock, joue avec le kitsch, sans jamais sombrer dans le mauvais goût, et s’appui immanquablement sur notre folle envie de danser pour nous concocter des mixs délirants. Finalement ce cher Dan surfe sur la vague electro plutôt qu’il ne s’y noie. Il ne s’agit pas ici de livrer une série de tubes interplanétaires sur le modèle EdBangerien, mais de nous inviter à un voyage jouissif dans un monde multicolore, où ce qui parait discordant, voire bruyamment insipide à la première écoute, donne rapidement naissance à une harmonie nouvelle. Et c’est précisément à ce moment là- où le mélange des sons électro et de sa voix nous procure un orgasme démentiel- que nos pieds ne peuvent plus résister à la tentation de la danse. Alors on gigote, on se trémousse, et on secoue nos jolies frimousses !
C’est quand le voisin du dessous vient frapper à notre porte pour nous supplier de cesser ce tapage diurne que l’on redescend sur terre : le live n’a pas commencé, mais il n’y a plus aucun prétexte pour le manquer ! On n’attend qu’une seule chose : que Dan nous fasse grimper au rideau à coups de beats assassins !
Roll K
Hier soir, les Dead Kids, petits protégés du manager londonien Matt Willis, faisaient souffler un vent de folie electro-rock sur les Transmusicales. S’inscrivant parfaitement dans la veine Klaxonienne, ils parviennent tout de même à sortir de l’épuisante relation maître-élève, pour nous offrir des morceaux originaux. Enfin, la foule se déchaînait aux Trans ! Mike, leur chanteur, a sorti le sublime trio : danse effrénée, refrain avec le public et joli slam ; qui lui a permis de nous électriser.
A la fin de ce show grandiose, l’équipe Mlle Age Bête a eu le plaisir de les retrouver au bar VIP pour une interview et quelques parties de franche rigolade.
Mike, au regard troublant, est revenu sur son année passée au sein de l’IEP d’Aix-en-Provence, pendant que Jan, à la blondeur toute germanique, s’amusait à nous dessiner sa vision des chambres d’hôtels. S’exprimant dans un anglo-français surprenant, Mike semblait enchanté par ce concert détonnant. Mais n’est pas certain d’avoir le courage de revenir dans cette ville rennaise où la pluie et le vent en dégoûtent plus d’un !
Pour lui, la musique est inscrite dans une subjectivité indépassable. Abats tous ces critiques snobinards qui nous dictent le « bon » goût musical. Il défend Jack Straw de Simian Mobile Disco, et le chanteur des Maroon 5, prétextant que tous les goûts sont dans la nature, et que chacun doit respecter ceux de son prochain. Belle morale. Mike monte d’ailleurs un projet musical ultra club, qui n’aura rien à voir avec les Dead Kids. Un joli sourire, et hop, on est tout de suite d’accord avec lui !
Il a décidé de revoir le nom de son groupe Dead Kids, au profit des « Petits enfants morts ». Il en aime la sonorité. Et le cynisme. Mike aime d’ailleurs la poésie, bel espace pour jouer avec les mots. Il idolâtre Apollinaire, se plait à lire à haute voix du Baudelaire, et n’oublie pas, bien entendu, de citer Rimbaud. Bref, la culture française le branche carrément !
A quand un emménagement à Paris ?
Roll K
THE TING TINGS / Samedi 8 décembre,
Hall 3, 21h45 > 22h45.
Il y a des groupes dont on sait qu'ils trouveront un public. Il y a des disques dont on sait qu'ils tourneront bientôt sur les platines, si ce n'est déjà fait. La musique des Ting Tings est faite pour ceux qui cherchent ce truc spécial qui nous fait aimer une chanson immédiatement. Ce truc qui fait frétiller les cuisses, onduler les hanches et taper du pied de façon incontrôlée. Voici un duo capable de produire beaucoup de chansons irrésistibles et contagieuses.
Avec Jules à la batterie et Katie à la guitare/voix, on dirait les White Stripes à l'envers, mais The Ting Tings se retrouvent plus dans une veine pop-dance joyeuse que dans un Icky Thump enragé.
Leur musique est un cocktail stimulant de Gossip, Gorillaz, Talking Heads et Blondie avec plus de crochets qu'on n'en trouverait dans une boucherie.
Le single détonnant That's Not My Name est un hymne disco-punk-funk nerveux, dont les paroles provocantes commentent la sale habitude de notre société à prendre les femmes pour des objets.
The Ting Tings sonnent comme une Beth Ditto sous ecstasy reprenant le Hollaback Girl de Gwen Stefani, ou comme les Pipettes déguisées en lego qui feraient les claps sur un mix de M.I.A. ou CSS. Il sera donc inutile de vous plaquer un flingue sur la tempe pour vous faire danser...
The Ting Tings on Myspace
#Candy
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