C'est à l'aube de la troisième décennie des Transmusicales que notre fanzine est né.
Marquées par les coups de foudre fluorescents des Klaxons et de CSS, nous avons créé en Janvier 2007, le fanzine “Mademoiselle âge bête". Au début un simple billet d'humeur graphique autour des musiques amplifiées à tendance rock et électro, qui a rapidement évolué en un format A3, où nous parlons de l'actualité de notre chère ville de Rennes: sortie d'albums, chroniques de concerts, interviews. Le fanzine est édité à 150 exemplaires, photocopiés et distribués dans les boutiques de disques ( O'CD, Rennes Musique,... ) , café-concerts ( Mondo Bizarro, 1929, ... ) et salle de concert ( UBU ).
Pour les 29ème Rencontres Trans-Musicales, nous avons développé le projet d'éditer un numéro hors-série, tiré à 400 exemplaires par jour de festival. Une formule en trypique où nous compilerons chroniques, interviews, coups de coeurs et clins d'oeil.
Vous pourrez trouver "Mademoiselle âge bête" à l’Ubu et au coeur du Parc Expo.
Nous remercions tout particulièrement le festival briochin ”Art Rock” ainsi que le disquaire O'CD, qui nous ont aidé à mener à bien ce projet. Et bien entendu nous remercions les Trans Musicales de nous offrir une si belle programmation.
Mesdemoiselles Candy, Riposte et Roll K.
De 1979 à 2007 : 29 ans de rencontres musicalement délirantes!
Tout commence avec la rencontre de trois jeunes rennais passionnés de rock’n’roll : Jean-Louis Brossard, Hervé Bordier et Béatrice Macé. S’ensuit la création d’une association- Terapin- et une première édition festivalière en 1979. Malgré des difficultés financières, les Transmusicales reviennent chaque année, chargées d’un nouveau bouquet musical explosif. Pour notre plus grand plaisir.
Comme nous le prouve une fois de plus la programmation, principalement élaborée par Mr Brossard- exemplaire vétéran des années rock’n’roll- les Transmusicales sont ouvertes à tous les genres musicaux. Certes, les premières éditions des Trans se sont noyées dans une vague rock’n’roll incontournable, en invitant entre autres les Marquis de Sade ou Blessed Virgin. Mais les années passant et la maturité aidant, les Trans ont concocté des programmations de plus en plus éclectiques.
Pour cette 29e édition, le duo B.Macé et J-L.Brossard- Hervé Bordier ayant quitté l’association en 1996- se sont déchaînés en invitant une majorité de formations electro. Les fluokids s’en lèchent déjà les babines ! Mais attention aux confusions : il ne s’agit pas ici de transformer le site du festival en une gigantesque boite de nuit aux allures tektonitiennes. Les choix artistiques ont été mûrement réfléchis, et, comme chaque année, on compte parmi les groupes invités plusieurs pointures musicales, qui ne tarderont pas à rejoindre un processus de staritude à un stade bien avancé.
Cette année, les Trans sont electro. Fait indéniable. Certes l’electro invite à la danse- c'est-à-dire à un sauvage déchaînement corporel au son de beats assassins. Mais où sont passées nos bons vieux instruments ? Le problème avec le mouvement electro, c’est qu’il fait passer à la trappe le Cd, au profit d’une sacralisation de la performance live. Exit le marché du disque, place à celui du concert. L’écoute d’une compile electro est sympa, le live est souvent démentiellement orgasmique. Le rockeur un peu punk des années 1980 a donc été remplacé par une bête de scène au t-shirt multicolore, qui reste, les trois quarts du temps, penché sur ses platines. Cette transformation soulève de nouvelles interrogations : l’artiste est-il un créateur ? L’art peut-il être fait de collages ? Leur programmation reflète donc l’hégémonisme de l’electro, et nous invite à délaisser notre chère écoute Ipodienne sur canapé douillet, pour faire la fête sur des mixes dévastateurs.
N’oublions pas : les festivals- et les Trans en tête- nous proposent une bonne éclate plutôt qu’une prise de tête.
Peu importe qui, du rockeur au poing serré ou du fluokid et son sachet de bonbons, remportera le duel des Trans. Mesdemoiselles, l’essentiel reste d’assister aux concerts sans casser vos jolis talons, et de ramener un bel anglais à la maison !
Un seul conseil pour profiter au maximum de ce week-end déjanté : armez-vous de vitamines, de paillettes, d’une bonne dose de délirium et lâchez-vous, les chatons!
ROLL K
TWISTED CHARM / Jeudi 6 décembre, 23h45 > 0h30, Hall 4.
Ce ne sont pas les quatuors indé britanniques qui manquent et s'ils ont marqué leur nouvelle ville en quelques mois c'est parce que, dans le champ ultra-saturé de l'indie, ils sont difficiles à catégoriser et qu'ils se rebiffent contre l'avalanche de blousons en cuir, de prétendus rockeurs et de groupes à guitares dont on ne sait plus que faire. Ils appellent à quelque chose de nouveau, excitant et dangereux et entendent "prendre le rock'n'roll à la gorge".
Les quatre membres de Twisted Charm sont des enfants de Northamptonshire, banlieue pavillonnaire sordide de la classe moyennes anglaise, "l'enfer sur terre, un lieu sans vie et sans âmes avec beaucoup d'enfants attardés". Pour en sortir ils montent un groupe et s'installent à Londres en 2004 : un mélange de fête, de musique et de cours à la fac.
Appréciant l'anonymat que procure la capitale anglaise, le chanteur charismatique Nathan Doom espionne la vie moderne et les comportements humains qu'il décrit avec un réalisme déconcertant, alors que les teenagers sont encore aveuglés par les vapeurs fluorescentes de la new rave.
Twisted Charm produit un post-punk intrépide et spontané aux crochets pop persistants et possède un sex-appeal peu conventionnel. Un chaos musical bluffant de guitares saturées et de percussions obstinées, ponctué d'effets inspirés de vieux téléfilms d'horreur. Des titres mélodiques, efficaces, aux beats dingues, aux claviers turbulents, aux lignes de basse bancales, et au saxophone hypnotique emporté dans la tempête de sons.
Doom, affublé d'un slim turquoise, les cheveux hirsutes et les yeux cernés de noir, clame avec un cynisme insouciant ses observations d'une vie ordinaire étrange; voici un jeune homme qui a l'essence du punk rock dans la peau. Et quand il n'est pas sur scène, il travaille dans un asile d'aliénés. Ses paroles offrent un puissant rapport de la vie londonienne entre ennui, manque d'ambition et solitude ("Happy Alone"), où les accros de la télé sont anesthésiés ("Television Nation"), où les mères adolescentes, les putes, les hooligans, les gamins paumés ont des destins similaires ("Never Grow Older", "Boring Lifestyles").
Avec des mélodies Wire-esques complexes, l'énergie de Sonic Youth, les voix mordantes des Fall ou le saxophone déglingué à la Lucrate Milk ou X-Ray Spex, Twisted Charm absorbent leurs influences pour créer un son unique et addictif.
Ils plaisent autant aux indie kids rachitiques qu'aux post-punks moroses laissés en plan depuis le virage disco de The Rapture.
Premier album 'Real Fictionnal' sur Because Music.
Twisted Charm on Myspace
#CANDY
THE HEAVY/ jeudi 6 décembre, Hall 3, 0h30 > 01h30.
The Heavy, groupe anglais venu tout droit de Noid, South West du Royaume Uni pratique sans lourdeur un exquis distillat des cinquantes dernières années de musique afro-américaine. Swaby, le chanteur, a bien retenu les leçons de Sly Stone et de Grand Master Flash: le clip de That Kind of Man, nous entraine dans un étrange convoi, où se glissent oiseaux de nuits et whisky à gogo. La musique est sirupeuse, le chant est lascif, le son garage des guitares glisse sur des instrus hip-hop nostalgiques du 36 Chambers du Wu-Tang Clan.
Le single "In the Morning" paru en juillet dernier, a cette touche B.O de film d'action, l'intro imitant un copy/cut d'un dialogue de film de série Z des seventies, puis le son suit un rythme qui pourrait soutenir la scène d'action d'un long-métrage. Un concept musical rappelant Quentin Tarantino, qui mélange avec aisance le rock'n'roll primitif avec les cultures afro-américaine et comtemporaine. Peut-être est- ce un phénomène de revival que subit actuellement l'occident: besoin de se tourner vers le passé, d'y puiser le meilleur. En tout cas si tout le monde le fait aussi bien que The Heavy, moi je dis oui!
The Heavy on Myspace
RIPOSTE
IPSO FACTO / jeudi 6 décembre,
2h30 > 3h30, Hall 3.
Tout est dit en noir et blanc. Les guitares semblent prises dans des camisoles de force et les lignes d'orgue tranchent lentement de la glace. Voici un revival plus qu'Horror-esque de sombre garage-pop. Ces 5 filles ont le sens de la mélodie et de la mélancolie là où la plupart des groupes s'étranglent par manque de conviction. Leur musique hantée, macabre, est portée par une voix intense et un orgue quelque peu morbide.
Après seulement une poignée de concerts et grâce à de charmantes démos GarageBand (oui, le logiciel d'Apple), elles ont déjà signé pour deux singles avec le label Disc.Error. et booké une mini-tournée londonienne dans tous les bars branchés.
Elles se disent terriblement britanniques et se donnent une image conservatrice en portant de jolies robes vintage bordées de dentelle. Ipso Facto se réclame de Can, Zappa, Sonic Youth, et fait partie de cette obscure scène anglaise et son cortège de groupes aux allures de freaks branchés auxquels les Horrors ont ouvert la voie.
Un premier single vient de sortir, le sublime 'Harmonise', et harmonie il y a : d'abord une batterie dépouillée, une basse qui résonne comme un mauvais présage, puis un chant solitaire que l'orgue vient envelopper d'émanations empoisonnées; imaginez une pièce vide et des chaises seules, des couteaux et des fourchettes entamant une danse macabre au son de cette voix passant au travers de spectres froids : "i don't like the loneliness..."
Je leur ai demandé de me parler de l'ambiance de leurs soirées londoniennes à l'intérieur de leur 'scène' musicale plutôt branchée mais tellement freak. Car d'un oeil extérieur, Londres semble saturer... les foules sont-elles toujours réceptives?
“Ça dépend vraiment de l'endroit où tu joues, et bien sûr de l'attention que tu reçois. Il y a beaucoup de cultures et de 'scènes' différentes, c'est rassurant de faire partie de l'une d'elles.
Si les gens pensent que Londres est blasée c'est parce qu'il y a tant de groupes! C'est dur de rester enthousiaste, surtout qu'ils commencent à tous sonner pareil.
Je pense sincèrement que la scène musicale et sa réponse à Londres est à son apogée. Des soirées comme Zoo Music et UFO sont exceptionnelles, qu'on y assiste ou qu'on y joue, parce que les réactions sont toujours fantastiques."
Ipso Facto on Myspace
#CANDY
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